Galerie de la Scep

Les Artistes Antoine Nessi

art
art
art
art
art
art
art
art
art
art
art
art
art
art
art
art
art

Né en 1985, Antoine Nessi vit et travaille à Marseille. Il est titulaire d’un DNSEP des beaux-arts de Paris obtenu en 2011, il a également étudié entre 2007 et 2009 à l’école des Arts décoratifs à Paris, ainsi qu’aux Beaux-arts de Dijon entre 2005 et 2007.

Le travail d'Antoine Nessi se concentre autour de la confrontation de deux univers perçus comme antagonistes : celui de l'art et celui de l'industrie. Cette rencontre se manifeste autour de la machine, instrument à la base de tout processus industriel. Cette dernière traduit également les changements sociétaux dont elle se fait à la fois le témoin et le symbole. Ce qui intéresse plus particulièrement Antoine est le potentiel esthétique de ces machines qu'il s'emploi à mettre en lumière par des déplacements. Dans sa série de sculptures intitulée Machine Fantôme, il renverse le statut de ces instruments en les privant de leur fonctionnalité mais également en les rendant indépendants de toute finalité. Pour leur réalisation, il s'est rendu dans une usine de fonte située dans le Nord de la France afin de « recréer » différentes machines. Le mot création est à prendre au sens premier puisqu'il privilégie autant le projet que le processus de production dans lequel il est totalement investi. Le moulage, la fonte, la découpe, le façonnage et même le transport sont autant d'éléments communs aux différentes étapes de production de cette série d’œuvres que pour celui d'objets manufacturés destinés à la consommation. Cependant, une fois l'objet réalisé, tout potentiel commercial et utilitaire a disparu. Machine Fantôme 5 apparaît telle une carcasse, vidée de son essence première, transformant l'ancienne fraiseuse en matière abstraite. La perfection productiviste a laissé place à des irrégularités. Ici et là, des excroissances se font jours, les bords sont inégaux, irréguliers, la matière même semble accidentée et une étrange beauté se fait jour. Par cette œuvre Antoine Nessi rend hommage au travail qualifié, aux compétences nécessaires à ce type de réalisation ainsi qu'à la puissance des métaux. Une série d'outillages grandeurs natures et en métaux sont dispersés sur un établi en bois. Dans cette œuvre intitulée Les outils morts, l'artiste a recréé des fournitures industrielles en les privant des boutons et éléments nécessaires à leur fonctionnement. Lisses et impeccablement façonnés, il est aisé de reconnaître à quoi ils font référence mais toute tentative de manipulation devient impossible. Leur sens se modifie et Les outils morts apparaissent tels des pièces archéologiques, reliquats d'une société passée. En choisissant de placer ses objets sur un établi, Les outils morts revêtent l'aspect d'un monument commémoratif puisqu'il relie ces instruments à leur contexte premier. Cette utilisation d'outils obsolètes fait écho, dans une certaine mesure, à celle de l'artiste David Smith avec sa série de sculptures Voltri qu'il réalisa en 1962 lors d'une résidence en Italie. A l'aide de vieux outils abandonnés, il mettait en évidence la beauté fanée des anciens ateliers de forge. Si l'intérêt d'Antoine Nessi pour le processus de production industriel ainsi que son usage est évident, la question du commerce et de la consommation est également présente comme le montre l'Usine Moderne. Il s'agit d'une maquette réalisée à l'aide de divers emballages alimentaires qui reprend la forme d'une usine. Cette dernière est fictive mais pourrait tout aussi bien exister. Tous les éléments présents semblent répondre aux exigences de rationalisations et d'organisations que demande ce type d'entreprise. Avec Usine Moderne, le lien intrinsèque entre production et consommation est présent grâce aux logos reconnaissables sur les emballages. Le titre même de l’œuvre traduit avec ironie la banalité des plans architecturaux caractéristiques aux usines. Antoine s'attache également à traiter la figure de l'ouvrier, élément essentiel à toute production. Dans Portraits d'ouvriers, une série de dessins réalisés au graphite, visages et pièces de machines se confondent. Tel Charlie Chaplin dans Les Temps modernes qui, une fois son travail à la chaîne terminé, ne peut s'empêcher de continuer à répéter machinalement les mêmes gestes, les ouvriers se trouvent contaminés par leur environnement. Ici, l'impact du travail sur notre être est moins physique que mental. Jusqu'à quel niveau nous trouvons nous affectés par notre emploi et comment se dernier s'insinue t'il dans notre être ? Chez Antoine Nessi, le choix du monde de l'industrie est primordial. Il devient un lieu stratégique à investir, que ce soit dans le processus de production ou comme symbole fort des différents aspects de notre société. On ne peut s'empêcher de voir dans son travail un écho, à la fois drôle et douloureux, à notre contexte économique actuel notamment dans sa série de sculptures Chômeurs où, apparaissent sous la forme de totems, les nouvelles figures tutélaires de notre époque. S'il parvient à rendre compte de la beauté du monde industriel, il n'en oublie pas d'en relever également ses défaillances...mais toujours avec finesse et humour. Clothilde Morette

http://antoinenessi.com/texts.html

{{art.artist}}

{{art.title}}

{{truncateDesc(art.description)}}