Galerie de la Scep

Les Artistes Camille Beauplan

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Née en 1984, vit et travaille à Bègles. DNSEP, École des Beaux-Arts de Bordeaux, 2008. Master 2 Esthétique de l’art, université Paris 8, 2009. CAPES Arts plastiques option Arts appliqués

Camille Beauplan est une peintre. Ses peintures sont résolument des oeuvres figuratives et réalistes. À la fois classique et actuel, le travail de Camille Beauplan regarde le monde d’aujourd’hui en s’autorisant autant de figurer des instants personnels dans des espaces intérieurs, que des moments que beaucoup d’entre nous ont vécus, dans des espaces communs et ouverts au public. Entre un travail poétique et journalistique, entre l’imagerie d’un quelconque blog ou compte instagram et la peinture historique, Camille Beauplan peint non pas pour garder des souvenirs, mais bien pour évoquer et partager son rapport à l’urbanisme, à l’architecture, au design, à l’histoire de l’art, domaines dont nous aurions aimé qu’ils soient au service du bien-être commun, du beau, de l’éthique. Il n’y a aucune mise en scène dans les images qu’elle propose, ce ne sont que des instants et des points de vue que Camille Beauplan a vécus. Le fait de les avoir appréhendés physiquement joue un rôle important. Ses tableaux sont autant de témoignages de ce qu’elle nous donne à voir. Le dénominateur commun de tous ses tableaux est la présence d’au moins un détail troublant, fragment irrationnel d’un monde, que nous semblons tous partager sans pour autant systématiquement le remarquer. Ces mêmes détails qui peuvent gratter, comme une note de musique mal jouée, comme un glitch bien tangible, deviennent alors une évidence dans ses oeuvres. Ces moments et ces images sont tous inhérents à notre présent, irréalistes comme la retouche exagérée d’une image numérique, et artificiels comme la peinture acrylique qu’elle utilise. La couleur est séduisante, comme elle l’a toujours été. Cette séduction serait-elle une façon d’embellir le monde en y ajoutant une image de son état ? Camille Beauplan ne peint pas de sujets politiques, elle n’ajoute pas de pathos à son travail, c’est une manière de conserver son attitude qui se promène entre légèreté et sérieux. Cette même attitude lui permet de faire cohabiter dans son oeuvre des images qui relèvent à la fois du loisir et du travail, du mondain comme du populaire, de l’art majeur comme du décoratif kitsch, de l’Histoire comme de l’anecdote. L’Homme dans sa recherche de transmission a toujours eu l’urgente nécessité de regarder ce qui l’entoure et de le retranscrire par l’image ou l’objet grâce aux outils disponibles. De Gustave Caillebotte à Yves Bélorgey, Camille Beauplan fait partie de ces artistes qui soulignent par le biais de la peinture des détails signifiants de la société à la fois dans son architecture et son urbanisme, mais aussi comment ces espaces sont habités, inhabités, décorés ou construits, le plus souvent sans consultation de leurs usagers et qui pourtant ont de grandes conséquences sur leurs quotidiens. Diego Bustamante, 2019

« Is it future or is it past ? » David Lynch Comment supporter le désespoir de notre vie quotidienne morne et aliénée ? La réponse traditionnelle à cette question a longtemps demeuré : le fantasme. Cependant, on s’est chargé de fantasmer à notre place. Un certain projet moderne entendait réenchanter nos vies, replacer l’art dans la vie, nous esthétiser, ou encore peindre en mille couleurs l’air du vent. Il s’est agi de couvrir les grands ensembles en jaune ou en saumon, d’agrémenter nos flâneries de mobiliers urbains artistiques ou design, d’ériger des trous de verdure (naturels ou non) ou même – pourquoi pas – des menhirs. En somme, ces efforts bien intentionnés pour nous offrir un support fantasmatique nous font vivre dans le rêve d’un autre, ce qui est – comme l’a dit Deleuze – la définition même du cauchemar. C’est ce cauchemar qui intéresse Camille Beauplan. Ses tableaux sont des pièges qui saisissent cette réalité grimaçante et ridicule. Cette capture est un moment de désillusion, de dessillement : notre réalité, c’est la juxtaposition des fragments de grisaille et des fragments de fantasmes assemblés sur un même plan. Ainsi, la lumineuse et onirique Maison de l’Emploi côtoie le néon du guichet automatique bancaire. C’est le constat d’un échec – non pas celui de notre fameuse « incapacité à réenchanter le monde », mais au contraire, celui de notre acharnement à le réenchanter. Vouloir réenchanter le monde c’est, quoi qu’on fasse, le rendre plus lugubre qu’il ne l’est. Nous devons bien l’admettre : nous ne sommes plus convaincus par le monde. Et il nous faut faire avec. La peinture de cette mélancolie urbaine ne se limite pas à un geste critique. L’effet de grotesque, de sublime ridicule, cette juxtaposition de rêve et de trivialité – tout cela procède d’une sensibilité romantique et mobilise la figure romantique du lieu hanté. La version contemporaine de cette figure se nomme la zone. Figure omniprésente et ici, par exemple, mise en abîme : dans cette zone qu’est le Musée d’art moderne, s’inscrit la photographie restituée d’immeubles en ruine dominés par une grue. Le lieu privilégié de l’art est la zone. Et Saint- Étienne, forcément. À la faveur des fantaisies hasardeuses et des modes surannées, de tableaux en tableaux, nous pouvons discerner des lignes harmonieuses, des couleurs qui se répondent, des structures puissantes : au delà de la bizarrerie sans éclat de notre quotidien, il existe, dans le regard de Camille Beauplan, des formes étrangement convaincantes, et que nous ne voyions plus. Frédéric Montfort, 2018

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